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Ce que j’ai appris de la vie et de la résilience au Kazakhstan

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Je me suis rendu à trois reprises au Kazakhstan entre 2016 et 2019, notamment en hiver, par des températures descendant jusqu'à -37 degrés. Je n’y allais pas pour faire de la randonnée ou mener une expérience de survie, mais pour rendre visite à un ami, découvrir la culture locale et échanger avec les Kazakhstanais. C'était aussi un moyen pour moi de pratiquer la langue russe que j'apprenais alors. J’ai vécu presque essentiellement dans une ville méconnue et pourtant chargée d’histoire, construite "grâce" au goulag qu’elle abritait et où Alexandre Soljenitsyne a par exemple été interné. J'ai tiré de ces expériences au Kazakhstan de nombreux enseignements sur la vie et la résilience en général. Je souhaite vous les partager dans cet article.

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La grande roue d'Ekibastouz en hiver
La grande roue d’Ekibastouz me fait vraiment penser à la roue de Pripyat…

Je me suis rendu à trois reprises au Kazakhstan entre 2016 et 2019, notamment en hiver, par des températures descendant jusqu’à -37 degrés. Je n’y allais pas pour faire de la randonnée ou mener une expérience de survie, mais pour rendre visite à un ami, découvrir la culture locale et échanger avec les Kazakhstanais. C’était aussi un moyen pour moi de pratiquer la langue russe que j’apprenais alors. J’ai vécu presque essentiellement dans une ville méconnue et pourtant chargée d’histoire, construite “grâce” au goulag qu’elle abritait et où Alexandre Soljenitsyne a par exemple été interné. J’ai tiré de ces expériences au Kazakhstan de nombreux enseignements sur la vie et la résilience en général. Je souhaite vous les partager dans cet article.
 J’avais toujours été fasciné par les paysages postapocalyptiques, certes désertés par les hommes, mais si riches en nature. De par leur histoire, les anciens peuples d’URSS réussissent aujourd’hui à dépeidre dans de nombreuses œuvres une représentation singulière du monde postapocalyptique, que ce soit dans les ouvrages avec Métro 2033 (et les suites) publiés par un journaliste russe, ou les jeux du même nom, édités par un studio ukrainien, sans oublier les légendaires jeux S.T.A.L.K.E.R, inspirés du film soviétique. C’est la raison pour laquelle j’associais dans mon imaginaire l’architecture soviétique à l’univers postapocalyptique.  De ce point de vue là, j’ai été comblé, comme vous le découvrirez sur les photos.  

Interdiction d'aller sur la glace ! - Kazakhstan.
Interdiction d’aller sur la glace !

Brève présentation du Kazakhstan

Le Kazakhstan est un pays méconnu situé en Asie centrale. Il est très vaste avec 2,7 millions de kilomètres carrés pour une population de 20 millions d’habitants environ. À titre de comparaison, l’Union européenne fait 4 millions de km² et compte 447,7 millions d’habitants.

Il s’agit d’une ancienne république soviétique qui comprend aujourd’hui une minorité russe héritée des périodes tsariste et soviétique. Les Russes représentent 18,8% de la population totale.

S’adapter au climat

J’ai été accueilli au Kazakhstan par un froid saisissant. Il faisait -37 degrés. J’ai rapidement pris conscience de la négligence dont j’avais fait preuve. Après plusieurs heures de vol, j’avais transpiré dans mes chaussures et le froid me piquait réellement les pieds. Avant de prendre le bus, je me suis rapidement réfugié dans la galerie de l’aéroport pour changer de chaussettes.

J’ai essayé le malakhaï de mon ami (il s’agit d’une chapka avec une queue de renard) et la protection était évidemment incomparable avec le bonnet que je portais. Si je n’ai pas acheté un malakhaï, je me suis tout de même procuré une belle chapka dans le but de l’utiliser aussi en France. Malheureusement, il n’a jamais fait suffisamment froid pour que je puisse la porter.

Je porte un malakhai.
Je porte un malakhai.

J’ai vécu dans un appartement de construction soviétique. Il y avait un chauffage central qu’il n’était pas possible d’éteindre et il faisait près de 30 degrés en intérieur. Je peux vous dire que j’avais du mal à supporter l’amplitude thermique entre l’extérieur et l’intérieur. Si j’ai toujours bien supporté le froid, j’ai toujours eu des difficultés à me faire à la chaleur. Alors, j’ouvrais la fenêtre… Je suppose que c’est un moyen pour ceux qui y vivent de supporter la température extérieure. La faible isolation des bâtiments devait aussi être compensée. L’eau qui passait par les tuyaux devait aussi être suffisamment chaude pour ne pas geler dans les conduites.

Avant de sortir, j’enfilais toujours un sous-pantalon qui ressemblait à un collant avec une fourrure très épaisse intérieure. C’était réellement efficace puisqu’en portant un simple jean par-dessus, je ne ressentais pas le froid.

Paysage enneigé du Kazakhstan
Paysage enneigé du Kazakhstan

Des villes méconnues, mais chargées d’histoire  

Tobbogan en glace
Tobbogan en glace

Je me suis exclusivement rendu dans les lieux méconnus par les touristes. Pour être plus précis, j’ai vécu à Ekibastouz et j’ai passé quelques nuits à Pavlodar. Pour la petite histoire, le village d’Ekibastouz a été totalement déserté suite à la Révolution russe et les deux guerres mondiales. Des années 1920 jusqu’aux années 1950, Ekibastouz n’a été qu’un gigantesque Goulag soviétique. Ce n’est qu’en 1948 qu’une équipe de 50 personnes s’y rend pour commencer à bâtir la ville et préparer l’exploitation des mines de charbon à ciel ouvert. Le premier chargement de charbon est parti d’Ekibastouz en 1954, ce qui marqua le début du développement industriel du village, qui devint une ville en 1957 suite à un décret.

Lorsque je m’y suis rendu, la ville comptait en moyenne 130 000 habitants.  

La résilience des Kazakhstanais

J’ai été fasciné par la curiosité, la générosité et la gentillesse des Kazakhstanais. Dès qu’ils m’entendaient et comprenaient que j’étais étranger, ils m’offraient tout un tas de choses. J’étais mal à l’aise de voir que ceux qui avaient le moins donnaient le plus. Je ressentais de la culpabilité de leur prendre ce dont ils avaient encore plus besoin que moi.

Ce qui m’a le plus marqué est toutefois la résilience des Kazakhstanais. En me rendant au marché, j’ai été choqué de voir des babouchkas tenir la plupart des stands par des températures aussi extrêmes. Je savais toutefois que les salaires et le montant des retraites étaient bas. Si certaines travaillaient probablement par choix, j’espérais qu’elles aient réellement ce choix.

C’est là que j’ai compris que nous avions réellement de la chance de vivre en Europe. Si tout n’est évidemment pas parfait, si certains retraités travaillent malgré tout du fait de leur petite retraite, des mécanismes d’aide existent.

Une isba, maison traditionnelle du paysan russe.
Une isba, maison traditionnelle du paysan russe.

Des devoirs, mais peu de droits

Si j’ai pu m’amuser dans un premier temps de constater que Youtube ou d’autres sites connus et pour adultes étaient censurés, c’est parce que j’avais la chance de n’y être qu’en tant que touriste. Au moment où j’écris ces lignes, Facebook et Youtube ont répondu positivement au régime kazakhstanais et ont été débloqués.

À Ekibastouz, il n’était pas rare de voir dans les rues de petites cabines avec à l’intérieur un policier en poste, chargé d’exercer l’autorité. Mon ami en a fait les frais : il a été en rétention de 16h00 à 7h du matin pour avoir simplement craché une graine de tournesol dans la rue. Il avait toutefois le choix entre payer une amende ou passer une nuit en rétention. Je peux vous dire que je n’ai pas vu de crottes de chien sur les trottoirs et qu’effectivement, tout est très propre.

Mon ami devait faire son service militaire, mais il a été accepté dans une université française. En tant qu’étudiant, il a pu être exempté de son service le temps de ses études. Avant de quitter le Kazakhstan, il a toutefois été convoqué dans un bureau local du renseignement. Plusieurs questions lui ont été posées : « es-tu patriote ? » ; « Aimes-tu le Kazakhstan ? » etc. Est-ce parce qu’il faisait partie de la minorité russe du Kazakhstan ? Je ne sais pas. L’agent de renseignements lui a toutefois demandé de garder contact avec lui pour lui transmettre le nom des personnes de nationalité kazakhstanaise qu’il rencontrerait. Étant donné la nature du régime alors en place, il n’a jamais transmis aucune information.

Des bakchichs à tout va

Si j’ai été marqué par l’incroyable gentillesse et générosité de ceux qui ont pourtant le mois, j’ai été dégoûté de payer ceux qui profitaient de leur situation pour s’enrichir. Même si honnêtement, la monnaie locale rendait mon séjour très abordable, il s’agissait pour moi d’une question de principe et d’honnêteté.
Il faut savoir qu’il n’était pas possible d’acheter un ticket de bus auprès du conducteur ou sur une borne. Une fois monté à bord du bus, un contrôleur vient vers les passagers pour les encaisser un à un.

À peine sorti de l’aéroport d’Astana, la capitale, je suis monté à bord d’un bus de transport public. Le contrôleur m’a demandé de payer non seulement ma place, mais aussi une autre place… pour ma valise. Le bus était pourtant vide.  Est-ce parce qu’il avait entendu mon accent et déduisait donc que j’étais touriste ? Je n’en sais rien.
Quelques jours plus tard, j’attendais un bus qui devait m’amener d’Ekibastouz à Pavlodar. Le conducteur m’a demandé là aussi de payer pour que ma valise soit mise en soute. Par la suite, et pour éviter les déconvenues, j’ai laissé mon ami payer et parler à ma place.

La tolérance

Il ne m’était jamais venu à l’idée de visiter une mosquée en France, mais j’ai sauté sur l’occasion pour le faire au Kazakhstan, dès que j’en ai eu l’opportunité. Il faut savoir que 70% de la population du Kazakhstan est musulmane, majoritairement sunnite d’obédience hanafite. J’ai été chaleureusement accueilli et j’ai eu la chance de rencontrer les fidèles avant la prière. Lorsque j’ai entendu « Allahu Akbar », j’ai eu un frisson d’effroi avant de me ressaisir. Les attentats avaient eu lieu quelques mois plus tôt en France, en 2015. J’avais inconsciemment associé cette expression sacrée à cet événement négatif. La visite de cette magnifique mosquée s’est avérée être une expérience réparatrice.

J’ai cherché à en savoir plus concernant les relations entre les chrétiens orthodoxes, minoritaires, et les musulmans. Les deux communautés cohabitent pacifiquement et il n’y a aucun débat nauséabond là-bas.

Les leçons

Avec le recul, il m’arrive de culpabiliser lorsque je me plains de ce qui ne fonctionne pas et ce que l’on devrait changer en France. Inutile de faire de comparaisons avec une liste à la Prévert. Prenons conscience de la chance que nous avons de vivre dans un pays où les libertés individuelles et la liberté d’expression sont respectées. Sans parler du climat, beaucoup plus agréable à vivre. Comment pourrions-nous gagner en autonomie alimentaire avec des conditions climatiques aussi difficiles qu’au Kazakhstan ? Nous devrions veiller à ce que le potager produise suffisamment de nourriture avant la saison froide, et faire suffisamment de réserve.

De par leurs conditions de vie difficiles, la résilience des Kazakhstanais suscite réellement l’admiration. Depuis ma dernière visite, le pouvoir a changé de mains et le pays s’est un peu plus ouvert sur le monde. J’aimerais toutefois y retourner et le vérifier de mes propres yeux.

Yvann
Yvannhttps://surviepedia.com
Créateur du site Surviepedia. J'essaie de partager mes connaissances avec le plus grand nombre sur un ton résolument optimiste. N'hésitez pas à consulter ma philosophie

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